Atelier Sant Johan Plou en Berry

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Toponymie du nom du village de Plou en Berry

 "Les Cahiers de Sant Johan : Article de René Johannot. le 3 avril 2010

Toponymie du nom du village de Plou en Berry

Comment la toponymie du nominatif Plou permet d'identifier les origines du village berrichon qui porte ce nom.

Introduction :

A juste titre, on peut s'étonner que le nom de « Plou » désigne une commune située en pleine champagne berrichonne. En dehors de la Bretagne, où il est souvent préfixe dans la désignation d'un village, ce nom de « Plou » n'est pas répandu sur le reste du territoire Français. L'origine en est assurément Celtique, mais ce serait emprunter un raccourci réducteur que de se contenter d'admettre que « Plou » veut simplement dire "village" en langue Celtique. On resterait alors dans une généralité incapable de nous indiquer son origine ethnique, et de là, d'en fixer la date d'apparition en Berry.

Une langue celtique certes ! mais laquelle ?

Car en effet, il n'y avait pas qu'une seule langue Celtique parlée sur les très anciens territoires gaulois qui ont formé la France d'aujourd'hui. En fait, il y avait un groupe de langues Celtiques qui se divisait lui-même en deux langages distincts : « la langue Celtique continentale » et « la langue Celtique insulaire » .

Ce n'est pas la langue de nos ancêtres gaulois Bituriges Cubi

C'est « la langue Celtique continentale » qui était celle de nos ancêtres les Celtes Gaulois bituriges installés sur le territoire que nous appelons aujourd'hui « les terres de Plou », et c'est de cette « langue celtique continentale » que nous viennent bons nombres d'étymologies des noms des lieux, villes, villages, et hameaux . Mais dans la langue des Celtes Gaulois qui habitaient « les terre de Plou » (le celtique continental) la notion de village ou de fondation était nommé « Bona » et la notion de population et de peuple « teuta » ou « touta ». On peut donc en déduire que ce ne sont pas eux qui ont donné le nom de « Plou » au village primitif qui était établi au lieu-dit « les Masures ».

Inter-influence des langues

A cause des migrations des « Celtes des îles » au quatrième siècle, ce « langage Celtique continental » eut à subir, l'influence des « langues Celtiques insulaires ». En particulier, pour ce qui nous intéresse, l'influence linguistique Celtique « brittonique » . La langue qui résulta de cette interaction, fut usitée en « Armorique » (actuelle Bretagne) et construisit progressivement « la langue bretonne », qui est la seule langue celtique parlée encore de nos jours sur le territoire national.

Origine linguistique du nominatif "Plou" en Berry

Pour résumer, « Plou » nous vient bien de la langue celtique certes, mais du « langage celtique insulaire brittonique » qui était parlé par les Celtes Gaulois d' « Armorique » (actuelle Bretagne) qui avaient émigrés de « la Grande Ile de Bretagne » (Angleterre). Dans ce langage, « plou », « pleu » ou « plo », « plé » « pla » traduit la notion de clan, de groupe humain, de peuple, qui s'organise autour d'un patriarche ou d'un « druide » ou plus tard, après la christianisation, qui se regroupe autour d'un prêtre voire d'un Saint. Puis « Plou » et ses variantes (« Pleu », « Plo », « Plé », »Pla »), furent latinisées lors de la romanisation de la « Grande Ile de Bretagne » (Angleterre) et de la « Gaule armoricaine » et devint en latin « Plebem ».

Lors de la pénétration du christianisme, dont le vecteur principal fut l'oralité latine, le mot « Plebem » introduisit dans sa signification toponymique et étymologique le concept d'appartenance religieuse . Les « Celtes Bretons » émigrants du VI e siècle, venant de « la Grande île de Bretagne » (aujourd'hui l'Angleterre ou la Grande Bretagne) et de ses îles environnantes, étaient déjà christianisés lorsqu'ils s'installèrent en « Armorique » (aujourd'hui la Bretagne Française). Ils formèrent alors autour d'un prêtre de petites communautés indépendantes désignées par le mot latin « Plebem » qui indiqua alors un « groupe humain croyant en Dieu » ou un « peuple croyant en Dieu ».

Ce mot « Plebem » et sa nouvelle signification furent alors, en « Armorique » (Bretagne), « Celtisée » ou « Bretonnisée » en
donnant au mot « Plou » et à ses variantes (« Pleu », « Plo », « Plé », « Pla »), le sens de « paroisse ». En « Armorique » (actuellement la Bretagne) où était parlée la « langue Celtique brittonique », « Plou » et ses variantes, ont d'abord signifié « peuple », puis « village » et enfin « paroisse ». Mais ces trois désignations étant extrêmement liées, voire indissociables, « Plou », » et ses variantes, employés comme mots ou comme préfixes, peuvent être entendus indifféremment dans le sens de « peuple », de « village » et de « paroisse ». Ainsi, par exemple « Plougastel » peut designer le « peuple du château » mais aussi le « village du château » ou encore la « paroisse du château ».

De nos jours, la laïcité républicaine lui donnerait plutôt le sens de la « commune du château ». Le sens de « Plou » est alors donné par le contexte que veut signifier la phrase. Exemples : - Lorsqu'il est dit : « les gens s'assemblèrent au centre de « Plougastel ». « Plougastel » est ici entendu comme « peuple du château ». - Lorsqu'il est dit : « Plougastel » s'étend au pourtour du château ». « Plougastel » signifie ici « le village du château ». - Lorsqu'il est dit : « La procession religieuse se dirige vers « Plougastel ». « Plougastel » a alors le sens de « paroisse du château ». - Enfin lorsqu'il est dit : « Les élections eurent lieu à la Mairie de « Plougastel ». « Plougastel » a là, le sens de « commune du château ». Le sens de « Plou » et ses variantes dépend donc de la nature de l'objet que le langage décrit. Dans le cas de notre « Plou » en Berry, le nom de Plou signifie au sens littéral et sans ambiguïté « Paroisse ».

Conclusion


Nous avons vu que le nominatif de « Plou » n'avait pas pu être donné au village primitif par nos ancêtres les Celtes Gaulois Bituriges qui y vivaient, car ils ne parlaient que le langage celtique continental. Nous avons aussi déterminé que le nominatif « Plou » ne se retrouve que dans la langue celtique insulaire brittonique et que seul des Celtes Gaulois d'origine « d'Armorique » ( Bretagne) ou de « Grande Bretagne » (Angleterre) ont pu désigner ce village primitif par le mot « Plou ». Donc pour connaître l'époque de la création du village et de la paroisse de Plou en Berry, il nous reste donc à rechercher dans l'histoire, quand eut lieu un contact entre nos ancêtres Celtes Gaulois Bituriges qui habitaient le village primitif du lieu-dit que nous appelons aujourd'hui encore « les Masures » situé sur « les terres de Plou »(ce lieu se trouve près de l'actuel cimetière communal), avec les Celtes brittoniques venant « d'Armorique » (Bretagne) ou de « la Grande Ile de Bretagne » (Angleterre) qui appelèrent notre village puis la paroisse « Plou ». C'est dans l'étude de l'histoire de la gaule gallo romaine que cette recherche nous a permis d'identifier une rencontre entre les Celtes Gaulois Bituriges romanisés et les Celtes brittoniques « d'Armorique » et de « la Grande Ile de Bretagne ». Cette rencontre s'est produite au début du cinquième siècle à « Bourg-Dieu » devenu aujourd'hui « Déols ». Notre village s'est appelé « Plou » en même temps que fut créée la paroisse qui porte le même nom. C'est l'aboutissement d'une belle histoire vraie digne des épopées chevaleresques.

Mais c'est une autre histoire !

Une histoire qui raconte comment les guerriers bretons du roi « Riothame » - connu aussi sous le nom gallo-romain de « Ambroise Aurèle » - durent s'intégrer à la population locale gallo-romaine berrichonne des « Masures », afin de résister à l'occupation hégémonique des Wisigoths du roi Euric.

Et qu'il résulta de cette intégration des guerriers bretons au Gallo-romains Bituriges des « Masures », la fondation du village et la paroisse de Plou en Berry.



 

Bibliographie et notes de références :

  1. BOPP. (Franz.). - traduction BREAL. (Michel Jules Alfred.). : « Grammaire comparée des langues indo-européennes » Imprimerie Impériale &Imprimerie Nationale, Paris 1866 -1874.
  2. ZEUSS. (Johann Kaspar.). : « Gammatica Monumental Celtica » Edition Hermann Wiilhelm Ebel, Berlin, 1871.
  3. ABALAIN. (Hervé.). : « Destin des langues celtiques » Editions Ophrys. Paris 1989. 262 pages, p 190. RICOLFIS. ( .). :
  4. « Celtes et Gaulois la langue ». Centre Régional de Documentations Pédagogiques de Paris. 1985. RICOLFIS. ( .). :
  5. « Celtes et Gaulois dictionnaire des mots français d'origines celtiques » Cercle LUGOS. Paris – Aubusson. 1995. TANGUY. (Bernard.). :
  6. « Les noms bretons, toponymie descriptive ». Studi n° 3 CRDD. Rennes 1975.

 



03/04/2010
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